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Le blog de Lucky
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3 septembre 2007

Toi que j'attends

I.

 

Lundi

 

2h25

Ma cigarette se consume. Ma tête me fait mal et mes yeux tombent. Il est parti. Lui ai – je demandé de partir ? je ne crois pas ou alors en plaisantant. On ne sait pas compris. Je sais que ce n’est que chair, qu’il n’a pas de lendemain. Je sais que ce sera moi ou un autre. Je sais que l’important est le moment où il s’envole, où il part loin. Et je le regarde ...

Il est grand, beau et ténébreux. En un seul regard, il vous emporte. En un seul baiser, il vous condamne. Je lui appartiens dès l’instant où il franchit ma porte. Il me regarde, je tremble. Il m’embrasse, je frisonne. Il me prend dans ses bras et il n’y a plus rien, plus personne. Il me déshabille, me caresse et me serre contre lui. Je suis bien.

 

2h39

Pourquoi écrire ? Pour se libérer ? Pour partager ? Pour créer ? Pour rien. J’ai 20 ans et je suis dépressif. Ça sonne bien. Mais cette dépression appartient au passé comme un certain nombre de chose que l’on refoule. Je n’aime pas le passé. Je n’ai aucun regret. Ça ne sert à rien les regrets. Tu es parti et je m’enfous. Je sais que tu reviendras. Je sais que c’est du passé. Je sais que je ne vais pas regretter.

 

2h50

 Mécaniquement, je lèche le papier. J’allume le joint. Je fume. Je fume et je bois. Je m’enivre car je n’aime pas la réalité. Réalité du monde extérieur. Réalité du temps qui passe, et toi, qui arrive et puis qui s’en va. Il y a les gens pressés. Il y a les gens qui passent et que l’on ne voit pas. Il y a les gens qui se foutent de tout. Et puis, il y a toi. Tu me parles et tu me regardes, tu te retournes et tu t’habilles, tu te lèves et tu t’en vas. Je ne te retiens pas. Il n’en est pas question. Le simple fait de te laisser croire que tu me plais me retourne le cerveau. Va – t – en !

 

3h13

Je suis seul. Je me meurs entre le sentiment exacerbé d’être libre et indépendant et la sensation triste de n’avoir aucune raison de se lever le lendemain. Les jours filent, les plans et les ex s’accumulent. Qui suis – je ? Où erre – je ? Je ne veux pas de toi. Je ne veux pas être triste quand tu n’es pas là. Je ne veux pas m’impatienter en pensant au fait que ce week–end , on le passera ensemble. Je ne veux pas d’une date de rencontre. Je ne veux pas d’engueulades matinales. Et pourtant, je pense à toi …

 

3h18

Saurai – je me contenter de vivre de sexe et de vodka ? Ne tombez pas amoureux de moi sinon je vous briserai le cœur. Cette vie là, vaut elle le coup d’être vécu ? Je suis jeune. C’est une excellente excuse. Amour tu ne me froisseras pas ! Je n’ai que faire de ça, je ne serai jamais à toi.

 

 

 

 

 

 

3h27

J’ai couché avec beaucoup de garçons. J’aime les expériences. Et certaines restent. Mes mains qui te caressent. Mon corps serré dans tes bras tatoués. Un sentiment de sécurité me traverse l’esprit. Et je me sens libre. Je n’ai jamais été aussi libre dans les bras d’un garçon. Des frissons me remontent le long du dos rien qu’en pensant à tes baisers. Tu n’es qu’un plan, j’arrête.

 

 

3h41

Je suis fatigué. Ma tête tombe. Mes yeux se ferment. Tu viens de rentrer chez toi. Tu ne me parles pas et je crève. Je ne penserai plus à toi.. Mon lit me tend les bras. Mes bras se tendent vers le lit. Chaque mot me pèse. Chaque lettre m’encombre. Au secours ! Il n’y a plus rien à faire. Je m’en vais. Je m’éclipse comme tu l’as fais. Je vais penser à moi et à ma vie passionnante.

 

II.

 

Le même jour

 

11h48

Les volets sont fermés. Je ne veux pas les ouvrir. Le café réchauffé me donne des aigreurs d’estomac. Mes poumons, à chaque cigarette, me rappellent qu’il est tant d’arrêter. Il n’y a pas de programme, pas de projet. Encore une journée qui va passer. Encore des pseudos rencontres virtuelles. Des gens me parlent, ils me veulent ou m’ignorent, mais ne me connaissent pas. Quel âge as-tu ? Que cherches tu ? On se voit quand ? Jamais. Pour que tu m’apprécies ? Pour que tu t’attaches ? Non merci. Je ne veux pas d’un inconnu. Pas d’une discussion stérile sur nos dernières vacances ou notre dernière histoire d’amour. Je ne veux de personne. Si, je te veux toi !

 

16h32

J’ai décidé de t’oublier. Tu n’es rien. Juste un souvenir, un bon coup. J’ai un nouveau rendez – vous. Encore un jeune garçon. Nous allons nous rencontrer et discuter. Nous allons nous regarder dans le blanc des yeux, angoissés par un moment de silence. Je vais avoir envie de lui. De l’embrasser et de le caresser. Il se laissera faire et ce sera un bon moment. Puis je le laisserai partir. Laisse – moi seul ! Je suis bien comme ça.

 

16h38

Le temps passe. Mes pensées défilent. Un homme me propose 100 euros. J’ai besoin de cet argent. Je ne veux pas me donner à lui. Il ne me plaît pas. Il me fait peur. J’ai envi que tu sois là. Te sentir près de moi. Et oublier. Il n’y a pas de regrets mais il y a des souvenirs. Des gens que l’ont veut oublier. Et des gens que l’on veut revoir. Je ne sais pas qui tu es. Je ne sais pas qui je suis. Tout va bien. Le temps s’arrête. Le rendez – vous est reculé.

 

 

 

 

 

 

 

 

III.

 

Mardi

12h53

Nous avons parlé. J’attendais un seul mot de lui et ma porte se serait ouverte. Mais nous évitons le sujet. Un nouveau jeune homme me propose de passer. Je ne suis pas motivé, je me fous de lui. Je lui dis oui. Un blanc énorme. Le plus long et le plus beau moment de silence que je n’ai jamais connu avec un garçon. Il n’a rien à dire et moi non plus. Après cela, il se permet de me sauter dessus. Je n’ai pas envi, je le rejette, lui demande de partir. Je te retrouve sur le net. J’espère encore. J’adore le moment où je t’attends. Je deviens alors un enfant à la veille de noël. Entre impatience et excitation. Mais tu ne viendras pas ce soir. Je vais me coucher. Seul.

 

13h07

Je n’ai plus rien à boire. Je n’ai plus rien à fumer. J’angoisse. J’ouvre enfin mes volets et je découvre les caprices de la météo. Voici un excellent sujet de conversation que je m’impatiente de partager avec une de mes voisines retraitée, sénile mais tellement gentille. Cette hypocrisie que chacun de nous partage avec ses voisins semble naturelle. Parle – t – on de moi dans mon dos ? Des allers – retours incessants et illogiques d’un tas de mecs de tous les âges, que je reçois dans mon appartement ? Je m’en contre fiche. Je me casse dans un mois. Je me casse et j’ai peur. Deux mois, loin de ma liberté et de mon indépendance. Une abstinence presque forcée. Vais – je m’en sortir ? Je pense que oui.

 

14h00

Qui veut de moi et des miettes de mon cerveau ? Les chats et autres forums de rencontres sont morts. Je tremble. Tu viens de te connecter. Tu ne viendras pas me parler et moi comme d’habitude je vais te sauter dessus comme si j’étais accroc à toi. Trop stupide. Tu ne me parles pas et tu t’en vas. Je te hais. Je t’en veux. Je te veux Je n’y comprend rien.

 

00h14

Je rêve de te revoir et j’ai tellement honte. Sors de ma vie s’il te plait. Je n’ai que faire de toi. Je n’ai pas besoin de ça. Je n’ai pas le temps pour ça.

 

00h36

Je n’ai plus rien à faire sur le net. J’ai eu mon plan ce soir. J’ai eu mes caresses. J’ai eu l’affection nécessaire à ma survie. Tout va pour le mieux. Non ça ne va pas. Ce n’était pas de lui dont j’avais envie. C’est toi que j’aurai aimé avoir près de moi. Je ne pense pas que tu te fiche complètement de moi. Nombre de plans que tu as décidé de ne plus revoir. Et moi tu es venu me voir deux soirs de suite. Deux fois, je t’ai déçu. Tu ne me parles plus. Ecris moi. Appelle moi. Rien qu’un petit signe suffirait. Un « bonjour». Un « tu fais quoi ce soir ? ». Mais je rêve. Tu n’es rien. Tu te fiche de tout et particulièrement de moi.

 

IV.

 

Mercredi

 

10h31

Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. A un seul détail près : la vodka colle aux touches de mon clavier. A l’ordre du jour, les Amis ! A force de baiser, de boire ou de fumer seul, de se morfondre dans sa solitude, on a tendance à les oublier… Ce sont les meilleurs qui viennent me voir aujourd’hui. Et je suis heureux. Ca fait quelques jours que je n’ai pas vraiment eu de relations saines avec des gens. On peut dire que cela manque. Mon joint se termine. Et une pensée de toi me traverse l’esprit. Elle vient et puis s’en va. Je suis fier de moi. C’est une bonne journée. C’est une bonne fin.

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Commentaires
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Sur msn, tu avais dit que tu avais peur de mon regard sur tes textes, ce qui était, finalement, peut-être un peu justifié dans la mesure où; si je n'avais pas aimé, je te l'aurais dit. <br /> <br /> Pour le commentaire littéraire, j'ai beaucoup aimé. Ce n'est pas pédent mais il y a une émotion, une tension qui nait à la fois des textes et des silences. Quelques petites fautes de grammaires mais c'est sans importance. C'est un texte que j'aurais aimé avoir écrit (même si, en fait, je n'ai jamais vécu ce que tu racontes avec une telle intensité).<br /> <br /> Pour le commentaire personnel, he bien ça fait bizarre de lire cela. Même si je m'en doutais un peu, même si on en avait un peu parlé par bribes et même si c'était une période où, moi aussi, je faisais des plans, c'est la première fois que, pour moi en tout cas, tu te livres autant. Nous ne nous voyions que de temps en temps et pourtant, pour moi, à l'époque, j'étais très content de te connaître, d'avoir un "ami gay". Est-ce que j'aurais pu, ou est-ce que j'aurais dû faire quelque chose pour t'aider ? Je ne pense pas parce que nous étions pas non plus très intime, et parce que j'étais quand même là pour discuter avec toi sur msn ou en vrai, et parce que, finalement, peut-être que personne ne pouvait t'aider, que c'était une phase que tu devais traverser avant de pouvoir passer à autre chose. Je ne sais pas.<br /> <br /> A la même période ou à peu près (je suppose), j'ai écrit sur mon blog de l'époque un texe qui s'appelait "géométrie du plan" où je m'interrogeais ausi sur les plans et leurs conséquences mais de manière beaucoup plus froide et distanciée. Ton texte parle de la même chose mais d'un point de vue intime. C'est très personnel, mais je suis sûr que beaucoup d'autres gays pourraient tout à fit s'y reconnaître, à des degrés divers.
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